Edito : Deuxième conférence de l’Association Africaine d’Economie et de Politique de santé au Sénégal
Du 15 au 17 mars 2011 se tiendra à Saly au Sénégal, la deuxième Conférence de l’Association Africaine d’Economie et de Politique de santé (AfHEA) dont le thème général est “Vers l’accès universel aux soins en Afrique”. En marge de cette Conférence, se tiendront deux autres ateliers très intéressants. Le 14 mars, la Banque mondiale organise une formation sur la “Mesure de l’équité et de la protection financière en santé” et du 18 au 19 mars, la Communauté des pratiques PBF organise un “Atelier sur les expériences de financement basé sur la performance en Afrique“.
Pendant les trois jours de la Conférence, les acteurs en santé africains et internationaux intervenant en Afrique vont partager les expériences, les difficultés et les perspectives sur la problématique du financement des soins dans ce continent. Une place de choix sera accordée aux expériences innovantes de financement des soins et services de santé. Les thèmes sont très variés et comportent entre autres l’abolition des paiements directs, les stratégies de renforcement des ressources locales, le financement basé sur la performance, les stratégies et tactiques pour mettre l’accès universel aux soins à l’agenda…
Jusqu’ici, il a été noté que la majorité des pays africains particulier d’Afrique sub-saharienne n’atteindrait pas en 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement relatifs à la santé. Le faible accès aux soins de qualité est l’une des raisons majeures qui explique ce retard dans l’amélioration de la santé des populations. Cette conférence qui s’intéresse à la problématique de l’accès aux soins est donc opportune. Les déterminants et facteurs responsables du faible accès aux soins seront identifiés et analysés, les expériences et les solutions innovantes mises en œuvre pour lever les barrières d’accès seront présentées et débattues. Ainsi, un consensus pourrait se dégager sur les stratégies effectives à utiliser pour progresser vers l’accès universel aux soins.
Il reviendra alors aux policymakers africains de capitaliser les résultats des recherches qui seront présentés à Saly. Ceci nécessite au niveau des pays une étroite collaboration entre les managers, les policymakers et les chercheurs des systèmes de santé. Beaucoup de vies ont été jusqu’ici perdues du fait de l’exclusion des pauvres de l’accès aux soins. Il n’est plus acceptable au vu de l’expertise disponible aujourd’hui en Afrique que la mortalité évitable reste aussi élevée. Le développement du continent passe par une amélioration de la survie de ces habitants. Il y a donc urgence pour stopper ces pertes inutiles de vies humaines et la solution passe par l’accès universel aux soins et a des services de santé de qualité.
Basile Keugoung
Global Health Financing
1.KFF (factsheet) – U.S. Funding for the Global Health Initiative (GHI): The President’s FY 2012 Budget Request
L’Initiative de Santé Mondiale, annoncée par le président Obama en mai 2009, a été proposée comme un effort de 63 milliards de $ pour développer une stratégie gouvernementale américaine complète pour la santé mondiale sur 6 ans (année fiscale 2009 – 2014).
La requête budgétaire fédérale du président Obama pour l’exercice fiscale 2012, sortie le 14 février, inclut un montant estimé de 9,8 milliards de $ pour l’Initiative de Santé Mondiale.
Cette requête pour 2012 représente une augmentation de 10 % (925 millions de $) par rapport à 2011, qui s’élevait à 8,9 milliards de $.
L’Initiative de Santé Mondiale, comme beaucoup de programmes américains, font face au défi de mise en œuvre par ces temps de contraintes budgétaires significatives et de probables coupures des dépenses.
Comme le Congrès est entrain d’étudier ce budget de 2012, il doit aussi finaliser les dépenses de l’année fiscale 2011, qui sont actuellement consolidées à celles de 2010. Étant donné les défis de l’environnement fiscal actuel, atteindre l’objectif des 63 milliards de $ de six ans pour l’Initiative de Santé Mondiale reste cependant incertains.
Dans le même sillage, Nandini Oomman et Christina Droggitis du CGD pensent que la requête budgétaire du président Obama pour l’année fiscale 2012 en faveur de l’Initiative de Santé Mondiale est bâclée et confuse. Elles souhaiteraient de ce fait poser quelques questions à Hillary Clinton. Probablement que d’autres y aspirent aussi.
2.WHO Bulletin – Does recession reduce global health aid? Evidence from 15 high-income countries, 1975–2007
David Stuckler, Sanjay Basu, Stephanie W Wangd & Martin McKee; http://www.who.int/bulletin/10-080663.pdf
Stuckler et al. ont tester l’hypothèse que les récessions économiques mènent à la réduction de l’aide au développement pour la santé (ADS).
Ils ont utilisé les données obtenues du Système de Notification des Pays Créancier de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (l’OCDE) pour 15 pays de l’OCDE et ont modeler le changement en pourcentage (différence relative) dans les engagements et les débours pour l’ADS comme une fonction de trois mesures de récession économique : l’année de crise, le pourcentage de changement du produit intérieur brut par personne et le changement de point de pourcentage du taux de chômage pour des cycles de crise de 1975 à 2007. Les auteurs ont cherché une association tant pendant l’année de crise qu’un et deux ans plus tard.
Ils ont constaté qu’il y avait étonnamment peu d’évidence que les ralentissements économiques aient été associés à de grandes diminutions de l’aide, du moins durant les premières années faisant suite à la crise financière. Aucune association statistiquement significative n’a été trouvée à court ou à long terme entre les mesures de récession économique et le montant de l’aide officielle au développement pour la santé engagé ou déboursé. De façon similaire à la situation présente, ils ont constaté que certains pays ont semblé réduire l’aide, tandis que d’autres l’ont augmenté de façon qu’il n’y ait eu aucune dépendance à l’échelle de la crise financière à laquelle ils ont fait face.
Les auteurs sont préoccupés que les agences d’aide réduiront leur contribution en réponse à un climat politique qui appelle à l’austérité fiscale dans leurs pays. “La crise financière a donné aux politiciens des excuses suffisantes pour casser leurs promesses d’aide,” dit Stuckler et al.
Pourtant selon les chercheurs, n’importe quelle diminution importante de l’ADS liée à la récession économique actuelle a peu de précédent historique et les réclamations d’inévitabilité seraient injustifiables.
3.The benefits of recession
–Health professionals around the world are rightly asking difficult questions of their governments as cuts to health services are implemented within national austerity packages. The global financial recession has led to an international health recession, with the exception of a small number of high-growth economies, such as China. The fear that governments will use their economic predicaments to cut back state funding for health is not imaginary. The UK is a prime example of a country in which politicians have exploited an emergency to open up new markets for any willing private provider.
Les professionnels de santé partout dans le monde entier posent à juste titre les questions difficiles du choix de leur gouvernement pour les coupes des dépenses des services de santé comme composantes du paquet d’austérité nationale. La récession financière mondiale a mené à une récession de la santé internationale, à l’exception de quelques économies à forte croissance, comme la Chine. La crainte que les gouvernements utiliseront leurs fâcheuses situations économiques pour réduire le financement de l’Etat pour la santé n’est pas imaginaire. Le Royaume-Uni est un exemple patent d’un pays dans lequel les politiciens ont exploité une situation d’urgence pour ouvrir de nouveaux marchés aux fournisseurs privés qui s’en réjouissent. Mais tandis que les médecins doivent continuer à être vigilants sur leurs gouvernements, une récession a vraiment au moins un avantage. Elle nous invite à être sûrs que l’argent que nous dépensons vraiment sur la santé est dépensé sagement. La récession appelle à la redevabilité.
La base de toutes les questions de la redevabilité est la question de la mesure. Il ne peut y avoir aucune redevabilité en santé sans métrique. Si nous parlons de l’efficacité d’un nouveau médicament pour un type de cancer aux USA ou l’efficacité d’un programme pour distribuer des moustiquaires imprégnées aux familles du Kenya, des tendances dans la mortalité infantile à travers l’Inde ou des politiques de transfert conditionnelles au Mexique, la métrique est la base pour notre jugement. C’est peut-être surprenant, même choquant, que c’est seulement maintenant que se tiendra la première conférence de métrique et d’évaluation de santé mondiale à Seattle du 14-16 mars de cette année. La rencontre offre la première occasion d’incruster la science de mesure dans la pensée de santé mondiale et dans celle des décideurs politiques. C’est un évènement marquant car la redevabilité par la mesure est le parcours à une société plus juste.
4.DFID – multilateral aid review
La Revue de l’Aide Multilatérale a été commissionnée pour évaluer les avantages de l’aide britannique financée à travers les organisations multilatérales.
Les critères d’évaluation ont été groupés suivant deux index appelés « la contribution aux objectifs de développement britanniques » et « les forces organisationnelles ».
Cette évaluation de la valeur de l’aide est aussi significative parce qu’étant la première tentative par le Royaume-Uni d’examiner systématiquement les forces et les faiblesses à travers le système multilatéral. Elle est remarquable pour deux raisons : D’abord, elle fournit la base d’évidence pour le Royaume-Uni que travailler avec les organisations multilatérales et d’autres associés pour développer un ordre du jour de réforme ciblée qui, si mis en œuvre, fera une différence réelle pour les vies des populations pauvres. Deuxièmement, en identifiant les secteurs de faiblesse, aussi bien que les forces, à travers le système multilatéral, elle donne l’impulsion supplémentaire aux efforts de réforme des institutions, aussi bien qu’une base saine pour évaluer le progrès.
La revue a confirmé que le système multilatéral est un complément critique à ce que le gouvernement britannique peut faire seul. Ensemble les organisations multilatérales mobilisent le financement à grande échelle, apportent l’expertise de spécialiste, soutiennent l’innovation, jouent des rôles de leadership centraux avec d’autres donateurs, ont des mandats et des légitimités pour traiter avec des situations de conflit et fournissent une plate-forme pour l’action dans chaque pays dans le monde.
Mais la revue a aussi constaté que le système est complexe et fragmenté, avec des problèmes de chevauchement des mandats et de coordination. Il n’y a pas eu assez d’évidence sur la consistance des résultats sur le terrain liés au multilatéralisme, particulièrement dans des états fragiles.
Mais au-delà de tout, il existe toujours une marge pour l’amélioration du multilatéralisme surtout au niveau de la transparence et de la redevabilité. Et le faible partenariat entre les organisations multilatérales sape l’efficacité du système.
Nous pensons qu’ODI a fait un travail d’analyse assez remarquable des revues de l’aide multilatérale et bilatérale.
Global Health Policy
5.Global Health Europe – Creating a global health policy worthy of the name
Le paysage de la politique de santé a changé radicalement sur les dernières décennies à mesure que la santé est devenue mondialisée, avec de plus en plus des gouvernements reconnaissant que la santé est une question mondiale et non juste un problème national; la santé mondiale a une influence profonde et grandissante sur les politiques de santé publique nationales et devient aussi une priorité de la politique étrangère. La mondialisation signifie de plus en plus que la sécurité et la prospérité d’une nation reflètent et comptent sur des événements à l’étranger : la pauvreté, des pénuries alimentaires et le changement climatique dans les pays en voie de développement sont tous les facteurs qui menacent la sécurité internationale de la même manière, la maladie et la mauvaise santé sapent la croissance économique
L grippe aviaire a montré que les menaces pandémiques ne sont pas limitée aux frontières des pays et ont engendré une coopération internationale sans précédente, entre les agences internationales, les départements gouvernementaux, l’OMS, le secteur privé et les citoyens ordinaires. L’idée que les virus ignorent les frontières internationales étaient un rappel de nos défis de santé communs. Selon ilona Kickbusch de Santé Mondiale Europe “la santé mondiale est incompatible avec une vue qui divise les nations de façon simpliste entre le Nord et le Sud.
Le montant de l’aide officielle au développement pour la santé a augmenté significativement de 4 milliard d’euros en 1990 à 16 milliard d’euro aujourd’hui. Cet accroissement des ressources a permis de combattre de nombreuses maladies et de sauver des vies.
Cependant, malgré ces succès il n’y a aucune place pour se prêter à la suffisance, avertit Margaret Chan qui relèvent que les maladies non infectieuses qui sont plus communes dans des nations industrialisées commencent à menacer les pays en voie de développement et seront une autre source de dépense sur leurs ressources financières déjà très sollicitées.
Le commissaire européen au développement Andris Piebalgs, admet qu’il n’y a aucune “recette miracle” pour la politique de santé mondiale. Selon lui, les améliorations peuvent être réalisées si les pays s’efforcent de mobiliser leurs propres ressources nationales pour leurs systèmes de santé. L’aide devrait servir de catalyseur pour démultiplier des investissements supplémentaires et encourager les pays à reformer leurs systèmes fiscaux pour augmenter les revenus de l’Etat et réduire la dépendance aux subventions externes. Une priorité majeure pour Piebalgs est de s’assurer que les politiques nationales et internationales soient cohérentes avec les politiques de la santé globale.
La politique de santé mondiale ne peut pas être prise isolément. La santé mondiale exige la coopération dans le monde entier entre les gouvernements, les ONG et les secteurs publics et privés.
Simon Wright nous rappelle que 2010 a été une année clé pour les donateurs de l’UE car c’est l’année pour laquelle ils avaient promis d’atteindre un total accumulé de 0,56 % du produit national brut consacré à l’aide au développement, première étape vers la cible promise de 0,7 %, comparé à 2009 ou l’aide a atteint 0,44 %.
Global Health & Development Book review
6.Santé internationale – Les enjeux de santé au Sud
Ce livre, publié en Français, dresse un panorama des enjeux de santé au Sud en quatre
volets : les considérables enjeux contemporains de la santé dans les pays en
développement ; l’évolution historique des systèmes de santé tels qu’ils se
sont construits ces trente dernières années, en Afrique notamment ; l’état des
connaissances sur l’efficacité des politiques, des stratégies et des instruments
de financement de l’aide au développement ; les contributions de la recherche
en sciences sociales au service de décisions solidement fondées, adaptées et
pertinentes. Disponible chez Fnac et Filigranes.
7.Poor Economics
Banerjee & Duflo: book’s website
Pendant plus de quinze ans, Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo ont travaillé avec des pauvres dans plusieurs pays à travers les cinq continents, essayant de comprendre les problèmes spécifiques qui viennent avec la pauvreté et de trouver des solutions prouvées. Leur nouveau livre est radical dans la re-conception de l’économie de la pauvreté, mais aussi entièrement pratique dans les suggestions qu’il offre. Il montre pourquoi le pauvre, malgré l’envie des mêmes désirs et des capacités similaires que les autres, termine sa vie de façon entièrement différente. Le livre soutient que tant de politique de lutte contre la pauvreté ont échoué au cours des années à cause d’une compréhension inadéquate de la pauvreté.
Development
8.World Bank – Africa Regional strategy : Africa’s Future and the World Bank’s Support to it
L’Afrique Subsaharienne en 2011 a une occasion sans précédente d’embrasser la transformation et la croissance soutenue. Au cours de la dernière décénnie, et jusqu’au début de la crise économique mondiale, la croissance économique était en moyenne de 5% par an. Bien que la croissance ait décliné, suite à la crise financière mondiale, elle a rebondi en 2010 grâce aux politiques macro-économiques prudentes et à l’assistance financière des agences multilatérales. Les progrès sur les OMD ont été suffisamment rapide et plusieurs pays (comme le Malawi, le Ghana et l’Ethiopie) vont probablement atteindre la plupart des buts, avant 2015 ou alors juste après.
En dépit de ces bénéfices, les pays africains continuent toujours de faire face aux défis de développement à long terme. Parmi ces défis, on note la structure de production non diversifiée, la gouvernance, le faible capital humain, la fragilité des Etats, le peu de renforcement du pouvoir des femmes, le faible emploi des jeunes et le changement climatique. Le dynamisme actuel et l’optimisme sur le continent, les changements de l’économie mondiale et l’apparition de nouveaux acteurs de développement (Chine, Inde et Brésil) font que le temps est devenu propice à renouvellement de la stratégie de la Banque mondiale pour l’Afrique.
La stratégie régionale renouvelée donne des directions de la Banque mondiale pour le soutien de la transformation de l’Afrique et fournit le cadre dans lequel intégrer les stratégies des pays.
La stratégie a deux piliers (la compétitivité et l’emploi, et la vulnérabilité et la résistance) et une fondation (la gouvernance et la capacité du secteur public).
Dans cette nouvelle stratégie pour la Région Afrique, la Banque mondiale s’éloigne de la recherche de la stabilité économique dans des pays africains et migre vers l’assurance de l’emploi et des besoins sociaux. Le plan évolue d’une focalisation plus générale vers l’accentuation du besoin de l’attention de l’emploi, la vulnérabilité des citoyens et le renforcement des capacités du secteur public. La nouvelle stratégie s’attarde aussi sur l’importance des instruments que la BM utilisera pour soutenir l’Afrique. L’ingrédient le plus important sera des partenariats, ensuite la connaissance et finalement la finance.

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L’Equipe éditoriale
Basile Keugoung, Isidore Sieleunou, David Hercot, Kristof Decoster, Josefien Van Olmen, & Wim Van Damme.