Chers Collègues,

Cette semaine, en vue du prochain sommet du G8, de nombreuses recommandations sont adressées aux dirigeants du monde économique. Nous avons choisi une analyse de chercheurs italiens sur l’histoire de la politique italienne en matière de santé et de la réduction actuelle de l’aide, un appel au G8 pour soutenir la santé des femmes et une déclaration rédigée par les participants à une réunion qui a eu lieu à Venise suite à la publication par l’OMS du rapport sur les synergies positives qui figure dans le numéro 20 de notre bulletin d’information.

Le renforcement des systèmes de santé est également bien présent dans l’agenda international. Nos collègues du département de la santé publique à l’IMT ont publié une analyse des raisons pour lesquelles le taux de mortalité maternelle reste élevé en dépit de (ou en partie à cause de?) l’environnement mondial de l’aide; Giorgio Cometto de Save The Children nous a fourni un rapport officieux de la réunion de consultation, tenue à Washington, pour développer le programme conjoint de renforcement du système de santé du Fonds Mondial, de l’Alliance GAVI et de la Banque mondiale. Dans la lettre d’information de « gouvernance économique pour la santé » (EG4H), nous avons trouvé (après un court résumé du rapport), une forte critique du rapport du groupe de travail sur les modes de financement novateurs pour la santé.

En outre, dans un éditorial, le Lancet rapporte que le Royaume-Uni a lancé une nouvelle initiative visant à renforcer la capacité de recherche en Afrique et dans PLoS Medicine, nous avons retenu un article tiré d’un rapport évaluant les dépenses de recherche pour les maladies négligées.

Concernant les Initiatives Mondiales pour la Santé (IMS), nous avons inclus un rapport de SIECU sur les lacunes du programme de lutte contre le VIH / SIDA de PEPFAR en Zambie. Nous présentons également un commentaire d’EG4H sur le nouveau programme financé par la Fondation Gates pour soutenir le secteur médical prvié en Afrique.

Enfin, pour nos collègues congolais, il y a un petit rapport de l’UNOCHA publié dans le BMJ sur le haut taux de mortalité au Congo.

David Hercot & Wim Van Damme

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G8 summit

1. Lancet – G8 Summit 2009: what approach will Italy take to health?

Eduardo Missoni, Fabrizio Tediosi, Guglielmo Pacileo, Elio Borgonovi

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61216-2/fulltext

Les IMS risquent de devenir une partie du problème plutôt qu’une solution pour permettre l’accès aux soins de santé pour les populations les plus vulnérables. La fragmentation de l’aide et les coûts de transaction élevés contraste avec les besoins de système de santé efficace et efficients. L’aide au développement de l’Italie continue à souffrir d’un manque de vision stratégique. L’aide à la santé par l’Italie a connu un boum depuis 2001 avec le lancement et le financement massif du Fonds Mondial. L’Italie s’est également engagée à soutenir les nouveaux modes de financement que sont le Fonds international pour la vaccination (IFFIm) et l’initiative d’engagement anticipé pour la commercialisation de vaccin (AMC). Mais cet appui aux initiatives verticales ne s’est pas accompagné d’un effort pour en réduire les potentiels effets négatifs.

Ce sommet du G8 a un agenda ambitieux pour le secteur de la santé, notamment l’approche intégrée pour atteindre les OMD Santé, la couverture universelle ou l’amélioration de la performance de l’aide. L’Italie pourrait en profiter pour redorer son blason mais la réduction du budget alloué par l’Italie à l’aide au développement en 2009 est un mauvais signe.

2. AFGH Call on G8 leaders to support women’s health

http://www.actionforglobalhealth.eu/news/call_on_g8_leaders_to_support_women_s_health

Parliamentarians Appeal Rome 23 June 2009 – Abstract.pdf

Au cours de la conférence international des parlementaires, en marge du G8, 56 parlementaires d’Afrique, d’Asie et d’Europe ont demandé aux responsables du G8 de s’engager pour la santé mondiale et la santé des femmes, en particulier la santé maternelle et infantile. Ils demandent de ne pas réduire l’aide au développement et d’investir 60 milliards de Dollars US au cours des cinq prochaines années pour les problèmes de santé des pays en développement ; d’investir plus dans la santé maternelle et infantile qui est un moyen d’atteindre les OMD Santé en renforçant notamment les soins de santé primaires des
pays ; et de promouvoir légalité des genres.

3. Lancet – Venice statement: global health initiatives and health systems

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61195-8/fulltext

Suite à la série du Lancet du 20 juin sur les synergies positives entre les programmes verticaux et les systèmes de santé, l’OMS a convoqué à Venise une rencontre entre les IMS, les pays, les agences multilatérales, le monde académique et la société civile.

Les participants reconnaissent les effets positifs des programmes verticaux pour la santé des populations mais aussi l’importance de mieux coordonner les programmes verticaux avec les systèmes de santé. Ils soulignent l’importance de poursuivre la recherche sur les possibles synergies et reconnaissent l’urgence d’agir pour renforcer les ressources humaines. Ils encouragent les partenaires au développement à réduire la fragmentation et la duplication de l’aide au développement dans la santé et demandent à toutes les parties prenantes d’accroitre les moyens disponibles.

L’OMS publie en Français sur son site les résultats préliminaires de la recherche sur les synergies positives. (1,4 MB)

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Health Systems Strengthening

4. International health policy and stagnating maternal mortality: is there a causal link?

Jean-Pierre Unger, Patrick Van Dessel, Kasturi Sen, Pierre De Paepe

http://www.rhmjournal.org.uk/

Voir le résumé ci-joint en Français.

5. Coming together for health systems

Save The Children UK; Giorgio Cometto

Comment on Washington meeting on Strengthening Health Systems, June 25-27 2009.

http://www.savethechildren.org.uk/blogs/?p=2397

La Banque Mondiale, le Fonds Mondial et GAVI ont organisé un atelier technique consultatif sur les voies et moyens pour développer une approche commune pour le renforcement des systèmes de santé (RSS). Sur le premier thème, le RSS, un orateur a déclaré que l’avenir du RSS nécessite la création de canaux de financement et de rapports conjoints, conformément aux principes de la déclaration de Paris, d’Accra et du partenariat international pour la santé (IHP+). Les participants ont discuté du cadre d’analyse et de la définition des Systèmes de santé. Deux outils ressortent principalement, les boutons de Contrôles de Hsiao (2003) et les six blocs de l’OMS (2007). La plupart des intervenants sont d’accord que le concept de RSS est utilisé différemment par différents acteurs et qu’il devrait être mieux défini.

Dans un deuxième thème, les participants ont souligné les faiblesses des systèmes de suivi évaluation dans ce domaine et proposent des améliorations en partant par exemple du kit de l’OMS pour le suivi des systèmes de santé. Ils ont également parlé du renforcement des capacités pour améliorer les systèmes de santé et de l’exemple du flagship course de l’Institut de la Banque Mondiale pour mettre en avant les besoins d’un renforcement au de la du transfert de compétence avec un vrai renforcement institutionnel. Plusieurs succès de RSS ont été présentés et la plupart mettent an avant l’importance du leadership par le pays concerné. Au cours de la dernière session, il a été précisé que les trois agences avaient cinq mois pour présenter un plan d’action pour le RSS. Les pays pilotes devraient être identifiés d’ici octobre et la proposition pourrait être étudiée au cours des prochains conseils d’administration de GAVI et du Fonds Mondial en Novembre. Différents aspects ont été abordé notamment la manière dont les trois agences vont collaborer pour le RSS, le mandat du Fonds Mondial et du GAVI doit il être élargit ou encore, les moyens disponibles vont-ils s’accroitre sans quoi les résultats ne seraient pas satisfaisant. Le processus continue et d’autres discussions doivent voir le jour à court terme.

6. Can the ‘Taskforce’ pull the MDG rabbit out of the hat?: A high level taskforce reports on financing for health and the likelihood of meeting the MDGs

http://www.eg4health.org/2009/06/23/newsletter-7-22nd-june-09/

Dans sa newsletter, le think thank Economic Governance for Health (EG4H) que l’on peut traduire par « Bonne gouvernance économique pour la santé » revient sur les rapports produit par les deux groupes de travail du comité de haut niveau chargé de réfléchir sur le financement international innovant pour la santé. Le comité a calculé des besoins additionnels annuels de l’ordre de 30 à 40 milliards de dollars par an pour atteindre les OMD dans les 49 pays les plus pauvres. Pour trouver cet argent, ils proposent d’élargir la taxe sur les billets d’avion déjà en vigueur dans certains pays tel que la France, de l’élargir à d’autres commodités tel le tabac ou les transactions de devises. Ils proposent également d’élargir le mécanisme de Fonds international pour la vaccination (IFFIm) ; accroitre la capacité des gouvernements à mobiliser les fonds privés ; ou le mécanisme de financement « Buy – Down » qui consiste à accorder des réductions de dettes en fonction des résultats obtenus.

Tout ceci est fort intéressant mais le rapport part perdant en affirmant que cela permettrait à 80% des pays d’atteindre l’OMD 4 et à 45% l’OMD 5. Voyons-nous ici les premiers signes d’une justification de l’échec collectif pour atteindre les OMD ? Le G8 va t’il utiliser ce rapport pour réduire ses investissements dans l’aide à la santé ? L’argent nécessaire pour la mise en œuvre des OMD est ridiculement faible comparé à tout l’argent qui a été mobilisé pour la guerre en Irak ou le sauvetage des institutions financières. On attend un tour de magie de la part du comité qui ne semble pas venir, sinon nos femmes et nos enfants continueront de mourir de causes évitables.

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Research

7. Lancet – Strengthening research capacity in Africa

The Lancet

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61213-7/fulltext

Le 2 juillet dernier, le « Wellcome Trust » a annoncé le lancement de sept consortiums internationaux de recherche, chacun dirigé par une institution africaine. En développant un réseau de recherche et en renforçant une masse critique d’institutions de recherche à travers l’Afrique, la capacité de réduire les maladies et la pauvreté va s’améliorer localement. Au total, ces nouveaux consortiums rassemblent 52 institutions Africaines dans 18 pays ainsi que des instituts de recherche dans 6 pays de l’OCDE. L’évaluation des besoins pour renforcer les capacités de recherche en santé réalisée par l’initiative pour renforcer les capacités de recherche en Afrique, sous la houlette d’un groupe Africain a identifié trois groupes de besoins: améliorer l’environnement de recherche, soutenir les individus et soutenir les institutions. Le Wellcome Trust contribue par ce projet au développement durable de la recherche en Afrique.

8. Neglected Disease Research & Development: How Much Are We Really Spending?

HEALTH POLICY DIVISION, THE GEORGE INSTITUTE FOR INTERNATIONAL HEALTH

Mary Moran, Javier Guzman, Anne-Laure Ropars, Alina McDonald, Nicole Jameson, Brenda Omune, Sam Ryan, Lindsey Wu

http://www.plosmedicine.org/article/info:doi/10.1371/journal.pmed.1000030

February 2009

Cette étude a évalué les investissements de la recherche pour la mise au point de nouveaux produits pour les maladies négligées. Les chercheurs ont analysé 30 maladies et 127 groupes de produits pour ces maladies. Ils ont identifié des dépenses équivalant à 2,5 milliards USD pour la recherche sur les maladies négligées en 2007. Dans ces montants, 80% vont à la recherche pour les trois maladies : SIDA, tuberculose et paludisme. Les autres maladies ou groupes de maladies négligées reçoivent chacune moins de 5% des fonds : La diarrhée, les infections helminthiques, les pneumonies et les méningites. Cinq maladies reçoivent moins de dix millions USD (0,4%) chacune : la Lèpre, l’Ulcère de Buruli, le trachome, les fièvres rhumatoïdes, les typhoïdes et paratyphoïdes. 90% de l’argent est public ou philanthropique. Le secteur privé contribue pour 9,1% des fonds investis. La majorité des financements va à la recherche de médicaments et de vaccins. Les accroissements des investissements dans le secteur des maladies négligées sont à encourager, mais les fonds investis devraient encore s’accroitre et un investissement plus équilibré en termes de maladies et de produits ciblés serait bénéfique pour les populations qui en ont besoin.

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GHI

9. Making Prevention Work: Lessons from Zambia on Reshaping: the U.S. Response to the Global HIV/AIDS Epidemic

http://www.siecus.org/index.cfm?fuseaction=Feature.showFeature&FeatureID=1767

Le conseil pour l’éducation et l’information sur la sexualité des Etats-Unis (SIECUS) a suivi la mise en œuvre des programmes
financés et guidés par PEPFAR depuis sa création. Ils ont réalisé une étude du programme PEPFAR en Zambie.

Bien avant l’arrivée de PEFPAR, la société zambienne peut être définie comme religieuse et conservatrice au sein de laquelle la promotion de l’abstinence et du mariage sont de forts courants dans la vie quotidienne. Malgré ce contexte, il y avait aussi une histoire de succès de la promotion du préservatif menée par la Planned Parenthood Association of Zambia (PPAZ).
Dans ce contexte, ils ont cherché à comprendre les tensions entre l’idéologie de l’abstinence jusqu’au mariage et le besoin évident d’un programme de prévention efficace. Peut-être plus important encore, ils espéraient mieux comprendre les besoins des travailleurs de la santé sur le terrain et de la population zambienne qui s’efforcent eux-mêmes d’endiguer l’épidémie de VIH généralisée dans le pays.

En 2008, SIECUS a conduit des interviews auprès de tous les acteurs d SIDA, financés par PEPFAR ou non. Ils ont rassemblé toutes les informations et les idées de ces individus dans ce rapport. Le thème central de cette étude est la vision étroite de la prévention et la structure des obstacles qui ont eu un impact négatif sur la capacité du pays à prévenir efficacement la transmission du VIH. Dans ce rapport vous trouverez les résultats concernant les sujets suivants:

· Artefacts idéologique: un accent disproportionné sur l’abstinence jusqu’au mariage

· La (mauvaise) interprétation du mandat de PEPFAR: une confusion générale sur le terrain

· Mise en contexte de l’abstinence: L’absence notable d’une éducation sexuelle complète

· Le “C” silencieux: les obstacles qui empêchent l’accès aux préservatifs

· Les populations à risque, mais ignorées: l’impact de la lutte contre la prostitution

· Pas de place à la table: Les ONG locales sont laissés hors de la planification et de la mise en œuvre

Suite à ces constats, ils formulent une série de recommandations synthétisées ci après :

  • Abandonner l’accent idéologique mis sur l’abstinence jusqu’au mariage
  • Augmenter la transparence des fonds de prévention du PEPFAR
  • Renforcer la participation et l’intégration des ONG locales
  • Revoir la lutte contre la prostitution
  • Mettre en œuvre, définir les politiques et la programmation du VIH / SIDA en connexion à d’autres questions de la santé sexuelle et reproductive
  • Éliminer la clause de refus
  • Intégrer une éducation sexuelle complète comme un élément fondamental de la stratégie de prévention du VIH

10. A Private Equity Fund for African health systems: The Gates Foundation and the dangers of their support for private sector involvement in healthcare

http://www.eg4health.org/2009/06/23/newsletter-7-22nd-june-09/

Le bras de l’investissement de la Banque mondiale a déclaré jeudi qu’il avait fait équipe avec la Fondation Bill et Melinda Gates, la Banque africaine de développement et l’institution de financement du développement allemande DEG pour former un fonds d’investissement privé qui allait investir dans des entreprises privées de soins de santé africains.

Selon EG4H, La fondation Gates fait fausse route en investissant dans le secteur privé africain. Il est établit que le secteur privé ne peut pas couvrir les besoins de tous et qu’il finit toujours par exclure les plus pauvres. Un système privé n’est concevable qu’en addition à une couverture de base universelle, pour fournir un service additionnel aux moins pauvres. La fondation ferait mieux d’investir dans les programmes ciblant les communautés les plus vulnérables, dans ce qu’ils savent faire le mieux : la recherche pour les médicaments et les vaccins ou dans l’appui aux gouv
ernements pour renforcer leur capacité de régulation du marché privé.

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11. BMJ Some 45 000 people die each month in Congo as result of collapsed health service, says UN official

John Zarocostas

http://www.bmj.com/cgi/content/full/338/jun30_3/b2652

Un haut fonctionnaire de UNOCHA a déclaré que la déliquescence de l’infrastructure des soins de santé en République Démocratique du Congo pose un défi énorme aux organisations de l’aide humanitaire qui tentent d’offrir des soins de santé de sauvetage dans le pays ravagé par la guerre.

“Dans l’ensemble, au Congo, quelques 1500 personnes meurent chaque jour, soit 45 000 par mois», a déclaré Ross Mountain, le coordonnateur humanitaire résident, lors d’une récente conférence de presse à Genève. “La plupart des personnes décédées sont mortes à cause de la faillite du système de santé. «Ils sont en train de mourir de maladies évitables, et la moitié d’entre eux sont des enfants de moins de 5 ans ; 20% des enfants n’atteignent pas l’âge de 5 ans. Ils sont en train de mourir du choléra, de paludisme, de la consommation d’eau insalubre, et ainsi de suite», dit-il.

Le pays a presque toutes les maladies que l’on peut imaginer, a déclaré M. Mountain, allant de la peste bubonique à la fièvre hémorragique (Ebola, maladie virale) et la maladie du sommeil. La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la Santé a signalé 19 cas suspects de fièvre hémorragique, dont 10 décès.

M. Mountain a dit que la mortalité maternelle dans le pays était « extrêmement élevée, parmi les plus élevés au monde», mais il a ajouté que des programmes ont été mis en place pour tenter de la réduire.

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