Chers Collègues,
Cette semaine a eu lieu l’assemblée mondiale de la santé, nous commençons donc par une note de l’OMS soulignant les craintes liées à la pandémie potentielle à Influenza. Heureusement, à Genève, l’on pense encore aux OMD. Nous vous avons joint également un document de fonds par Jan Vandemoortele qui tente de faire du sens avec les OMD.
Les documents suivants abordent les engagements des Etats-Unis dans la santé mondiale, une critique par la Cour des Comptes Européenne sur la politique de la Commission Européenne vis-à-vis des acteurs non étatiques et un court article du Lancet sur l’évaluation du programme Santé Nutrition Population de la Banque Mondiale (suite d’un article publié la semaine passée).
Nous avons également sélectionné un document de travail de la Banque Mondiale sur le rôle des bailleurs vis-à-vis des biens publics en santé mondiale et une étude de cas sur le contrôle de la corruption.
Enfin, nous vous proposons l’éditorial du Lancet de cette semaine qui traite du diabète et des maladies chroniques ainsi qu’un article du New England sur les avancées de la réforme du système de santé aux Etats-Unis.
Cordialement
Wim Van Damme
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1. WHO- L’Assemblée mondiale s’ouvre sur fond d’inquiétudes concernant la pandémie de grippe
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2009/world_health_assembly_20090518/fr/index.html
L’article existe en Français également
2. WHO – Bilan mitigé pour les objectifs du Millénaire pour le développement à mi-parcours
http://www.who.int/mediacentre/news/notes/2009/millennium_development_goals_20090521/fr/index.html
L’article existe en Français également
3. Development 2008 – Making sense of the MDGs – Vandemoortele
Jan Vandemoortele
http://www.eldis.org/go/display&type=Document&id=43385
Plusieurs incompréhensions sont apparues autour des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). La plus répandue est que chaque pays devrait atteindre le même objectif numérique. Ceci est de toute évidence inexacte car le résultat mondial sera le résultat agrégé des pays plus ou moins performants. Une autre idée fausse est qu’il existe une stratégie universelle pour atteindre les OMD. Cette idée est en contradiction avec l’histoire qui a montré que différents pays ont suivi des chemins différents pour progresser vers le même objectif – le développement humain. Une troisième erreur est de croire que l’on peut définir à priori le coût de l’atteinte des OMD sur plusieurs années.
Pour Jan Vandemoortele les inégalités croissantes à l’intérieur des pays sont la raison principale pour laquelle les OMD ne seront pas atteints en 2015. Il identifie quatre étapes pour formuler des stratégies nationales de développement pour atteindre les OMD qui soient endogènes. Il souligne la nécessité d’un nouveau partenariat entre les [pays] riches et les pauvres, un partenariat basé sur le transfert d’idées plutôt que de capitaux car un partenariat basé sur l’argent est intrinsèquement inégal.
Les quatre étapes sont : 1) Partant des objectifs globaux, définir des objectifs nationaux adaptés au contexte. 2) Définir des objectifs intermédiaires pour permettre une prise de responsabilité par les politiciens. 3) Traduire les objectifs en programmes et politiques spécifiques. 4) Définir le budget de ces politiques et programmes à moyen terme (2 à 3 ans) en ligne avec le calendrier budgétaire national. Pour lui des progrès significatifs peuvent encore être faits si l’on met en œuvre une stratégie basée sur les objectifs.
4. IOM report on US commitment to Global Health
La Santé est un investissement hautement valorisé, qui a une forte visibilité et qui est concret. Les investissements dans ce secteur ont la capacité à la fois de sauve des vies et d’améliorer la crédibilité des Etats-Unis dans le Monde. Les Etats-Unis se sont engagés fortement pour la santé dans le monde, malgré cela, il reste un écart important entre d’une part les connaissances et les outils qui pourraient améliorer la santé s’ils étaient appliqué de manière universelle et d’autre part l’utilisation de ceux-ci sur l’ensemble de la terre.
En 2008, l’Institut de Médecine a réuni un comité d’experts pour évaluer les engagements des USA dans le secteur de la santé mondiale et pour proposer une vision pour les futurs investissements américains. Dans son rapport 2009, le comité conclu que le gouvernement Américain et les organisations publiques, privées non lucratives et lucratives Américaines ont l’opportunité d’améliorer la santé mondiale. Le comité recommande que ces institutions :
- Accroissent l’utilisation des interventions existantes ;
- Produisent et partagent des connaissances pour résoudre les problèmes existants dans les pays défavorisés ;
- Investissent dans les hommes les organisations et le renforcement des compétences avec les partenaires dans les pays moyennement et peu avancés ;
- Accroissent la quantité et la qualité du financement pour la santé mondiale ;
- Et s’engagent dans un partenariat respectueux pour améliorer la santé mondiale
De cette façon, les Etats-Unis peuvent jouer un rôle majeur en sauvant des vies et en améliorant la qualité de vie de millions de personnes sur la Terre.
5. 2009-EC neglects non-State actors in development
L’Union Européenne néglige les acteurs non étatiques dans le développement
La cour des comptes Européenne a évalué la performance de la commission européenne (CE) dans l’implication des acteurs non étatiques (ANE) dans les processus d’aide.
Par acteur non étatique, la CE entend l’ensemble des acteurs y inclus les ONG, les associations communautaires mais aussi les chambres de commerce et organisations religieuses par exemple.
Les conclusions du rapport sont notamment :
· Les ANE sont insuffisamment impliqués et notamment par rapport aux recommandations de la CE elle-même.
· La manière de collaborer n’est pas favorable au développement durable et à l’efficacité
· Les procédures d’appel d’offre ne correspondent pas à la réalité des ANE.
Les auditeurs recommandent notamment
- De renforcer et modifier les procédures visant à impliquer les ANE
- D’accroitre le suivi et le soutien des délégations aux ANE
- De diversifier les outils utilisés pour travailler avec les ANE
- De rechercher des méthodes alternatives pour renforcer les capacités des ANE.
6. Lancet-2009-World Bank health projects get mixed review
Kelly Morris
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS014067360960965X/fulltext?rss=yes
Cet article discute le rapport du groupe indépendant d’évaluation que nous avions déjà présenté la semaine passée. Le groupe s’est penché sur la performance du programme Santé Nutrition population de la Banque Mondiale. Le rapport souligne le faible taux de succès de ces programmes.
Les approches de renforcement du système de santé et d’approche sectorielle sont particulièrement peu performantes pour améliorer la santé des populations les plus pauvres. Le rapport souligne l’impact positif des programmes sur les gouvernements, en particulier sur le leadership, la capacité, l’harmonisation et la coordination mais ceux-ci ne sont que des résultats intermédiaires. Les programmes doivent se concentrer spécifiquement sur l’amélioration de la santé des plus pauvres.
Les programmes ciblant les maladies infectieuses ont de meilleurs résultats mais ceux-ci présentent un risque plus grand de pervertir le système de santé et de réduire sa capacité à fournir des soins. La tension entre programmes intégrés et verticaux n’est pas nouvelle mais ce rapport permet de remettre le dossier sur la table et de chercher des solutions. Selon le directeur du programme SNP à la banque, Julian Schweitzer, le nouveau programme de renforcement des systèmes de santé qui a démarré depuis 20 mois et qui inclut le financement basé sur les résultats et la mesure d’impact a montré de bons résultats, particulièrement au Rwanda. L’approche sectorielle est, selon lui, un outil crucial pour progresser sur des résultats finaux plus large tel que la mortalité maternelle. Le programme SNP est maintenant axé sur les synergies entre approche verticale et renforcement des systèmes de santé.
7. Embezzlement of donor funding in health (Détournement de l’argent des bailleurs dans la santé)
http://www.u4.no/document/publication.cfm?3031=embezzlement-of-donor-funding-in-health-projects
Détournement des fonds des bailleurs dans le secteur de la santé.
Cette étude de cas, publiée par le centre de documentation contre la corruption a été réalisée par le centre international pour la santé et le développement de l’Université de Boston. Il montre comment un projet de plusieurs millions de dollars financé par une ONG internationale en Afrique de l’Est a subit un détournement et comment l’ONG a procédé pour résoudre la crise. De nombreuses organisations sont confrontées à des faits de détournement et de vol. Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour réduire le risque dont le contrôle financier accru et de meilleures procédures de gestion et de paiement.
8. Donors & GPG in Health – WPS4907
http://ideas.repec.org/p/wbk/wbrwps/4907.html
http://go.worldbank.org/6046A4G6P0
Comment les bailleurs de fonds peuvent aider à construire les biens publics de la santé mondiale
Des services de santé publique sont la clé de voute qui permet le contrôle des maladies infectieuses dans les pays développés. Ils ont pourtant bien souvent été délaissés par les politiques d’aide au développement. Ces services souvent non cliniques génèrent des biens publics à part entière en réduisant l’exposition de chacun aux pathologies – par exemple par la mise en œuvre de règlements sanitaires. Ce domaine complète les services curatifs et préventifs qui sont souvent privilégiés par les bailleurs. Leur absence peut entrainer l’incapacité d’un pays à contrôler des épidémies tel l’influenza. Ces services sont pourtant peu coûteux et peuvent contribuer à réduire les inégalités. La sécurité sanitaire mondiale ne pourra être assurée que si l’on arrive à construire des systèmes nationaux de santé publique capable de réduire la propagation des maladies infectieuses à l’intérieur et au-delà des frontières. Les auteurs suggèrent de revoir les expériences existante dans le domaine de l’organisation du service publique. Ils citent le Sri Lanka ou l’Organisation Pan Americaine de Santé Publique (PAHO). Ensuite ils suggèrent de revoir globalement la collaboration entre tous les acteurs. Enfin selon eux, les bailleurs doivent revoir leur manière de travailler avec les pays en développement.
9. Lancet-2009-Diabetes—a global threat
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140673609609545/fulltext
Cette semaine le Lancet publie un numéro spécial dédié au Diabète, l’une des pathologies qui contribue le plus au poids des maladies dans le monde. Bien que l’on connaisse déjà beaucoup sur cette maladie en matière de prévention et de traitement, l’attention a été portée sur les malades des pays développés. Cependant, quatre patients sur cinq vivent dans des pays en voie de développement. Six pays sur les dix présentant la plus haute prévalence se situent dans l’Est de la Méditerranée et le Moyen-Orient. Alors qu’un enfant atteint de diabète peut espérer vivre 68 ans aux USA, il n’a une espérance de vie que de douze mois au Mozambique. Dans les pays en développement, les maladies non transmissibles sont peu comprises et peu prises en considération par les gouvernements. Quatre-vingt pourcent des 35 millions de décès par maladie chronique ont lieu dans les pays moyennement et peu avancés. L’association internationale du diabète avec l’union internationale contre le cancer et la fédération mondiale de la santé ont publié un appel aux gouvernements pour qu’ils assurent la disponibilité des médicaments, l’intégration de la prévention des maladies chroniques dans les systèmes de santé et ceci accompagné d’un accroissement des moyens financiers disponibles.
10. NEJM-2009-Building Momentum as Democrats Forge Health Care Reform
http://content.nejm.org/cgi/content/full/NEJMp0903872v1
Dans cet article, l’auteur rapporte les rapports de force qui sont actuellement à l’œuvre aux Etats Unis dans la mise en place d’une couverture sanitaire universelle. Barack Obama et les Démocrates ont fait une priorité de leur mandat d’améliorer la couverture sanitaire aux Etats-Unis et de contrôler les coûts dans le secteur de la santé. D’une part, les plus grands opposants au feu plan de Bill Clinton pour la santé semblent, sous la pression des réformes, accepter de se mettre à table pour discuter. D’autre part, les résistances se font sentir de toutes parts dés que l’on touche au bizness de la santé ou que l’on parle d’augmenter les taxes.